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Hôtel particulier 9, rue d'Assaut à Bruxelles

Classement

Arrêté du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale du 28.03.2019 classant comme monument la totalité de l’hôtel particulier sis rue d’Assaut 9 à Bruxelles

Façade du n°9 rue d'AssautSitué dans le cœur historique du Pentagone, l’hôtel particulier est un des derniers témoins du bâti ancien de la rue d’Assaut, axe important dans l’histoire urbanistique de la ville.

Pour mieux évaluer l’intérêt du bien et cerner la valeur objective des différentes parties, l’hôtel particulier a fait l’objet, de mars à mai 2015, d’une étude du bâti réalisée à l’initiative de la Direction du Patrimoine culturel par l’asbl Recherches et prospections archéologiques. Cette étude a notamment permis de déterminer la datation des différents volumes constituant l’hôtel particulier : les trois corps de bâtiment constituent des témoins remarquables de l’architecture privée de l’Ancien Régime à Bruxelles, avec une première phase de construction remontant aux XIVe-XVe siècles et des aménagements entrepris à la fin du XVIIIe siècle.

Cette étude, ainsi que les recherches effectuées avec le spécialiste de l’architecte Dewez, feu Xavier Duquesne, ont permis de préciser la haute valeur patrimoniale de ce bien.

Si l’on se réfère au plan Bruxella Nobilissima Brabantiae Civitas réalisé vers 1695-1700 par J. Laboureur et J. Vander Baren, on constate que la rue d’Assaut se situe hors la zone détruite au cours du bombardement du centre de Bruxelles orchestré par le maréchal de Villeroy en 1695. Épargné du bombardement et conservé jusqu’à nos jours, cet hôtel fait partie des rares témoins de l’architecture privée bruxelloise antérieure à 1700.

Au XVIIIe siècle, l’immeuble subit quelques travaux qui le mettent au goût du jour. Ces transformations relèvent du classicisme tardif, soit la dernière phase du style Louis XVI à Bruxelles qui débute avec la construction de la place des Martyrs (1775) et connait son apogée dans la réalisation de la Place Royale (1775-1782).

Le langage stylistique de la façade de l’hôtel de la rue d’Assaut est propre aux réalisations les plus réussies du néoclassicisme à Bruxelles. On peut notamment la rapprocher des façades des hôtels de la rue Ducale nos 9, 33 et 43 (Quartier Royal), tous trois du dernier quart du XVIIIe siècle. L’intérêt de cet immeuble se voit en outre renforcé par le fait que les travaux exécutés au XVIIIe siècle ont été réalisés par l’architecte Laurent-Benoît Dewez (1731-1812). Connu pour avoir introduit le néoclassicisme dans les Pays-Bas autrichiens, Dewez est architecte de la Cour de 1766 à 1780, une fonction qui renforce sa notoriété dans le milieu aristocratique et l’amène à réaliser de nombreuses commandes de prestige. À Bruxelles, Dewez a également été chargé de la redécoration et de la transformation de plusieurs hôtels particuliers, dont l’ancien hôtel du baron de Gottignies sis rue du Chêne n° 8 – transformation connue aujourd’hui au travers de sources iconographiques. À l’instar de l’ancienne façade néoclassique de l’hôtel de Gottignies, la façade de l’hôtel de la rue d’Assaut possède toutes les caractéristiques du style de Dewez. On peut en outre reconnaître la signature de l’architecte sur la façade de la rue d’Assaut dans l’un des détail décoratifs que l’on retrouve dans plusieurs des plans signés du même architecte, notamment à son habitation personnelle rue de Laeken (n° 73) : les deux consoles qui soutiennent le balcon présentent trois gouttes dont la médiane est un peu plus grande.

À l’intérieur, le plafond stuqué du rez-de-chaussée du volume à front de rue de la rue d’Assaut est similaire à ceux de l’ancien hôtel de Gottignies tandis que le départ sculpté du monumental escalier Louis XVI est comparable à celui de l’abbaye de Dieleghem (L.-B. Dewez, ca. 1778). D’une esthétique et d’une ampleur remarquables cet escalier – l’un des plus beaux exemplaires conservés à Bruxelles – confirme le caractère bourgeois, affiché en façade, de la bâtisse.

En fond de parcelle, la galerie à arcs cintrés en pierre bleue porte la marque de tâcheron de tailleur de pierre Arnould Wincqz (?-1667). Wincqz fait partie des premiers représentants significatifs d’une famille de marchands et tailleurs de pierre installée dans la région de Feluy dans la première moitié du XVIIe siècle, qui est notamment renommée pour être à l’origine, au XVIIIe siècle, de l’extraction et de l’exploitation de la pierre de Soignies. C’est la première fois que l’on retrouve la marque de ce tailleur actif vers le milieu du XVIIe siècle sur un monument en Région bruxelloise. Bien que cette galerie appartienne à une typologie relativement courante pour les cours des édifices d’une certaine importance dans les anciens Pays-Bas méridionaux, seuls de rares exemples sont aujourd’hui conservés à Bruxelles : l’ancien relais de poste À la Couronne d’Espagne place de la Vieille Halle aux Blés, celle de l’immeuble sis rue de Ruysbroeck n° 35 et de l’hôtel de Clèves-Ravenstein dont la galerie est assez semblable à celle de la rue d’Assaut.

 

 

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